CAP21 : la voie responsable de l'écologie politique

Ce site vous informe de l'actualité de CAP21 et de ses actions en Bretagne.
CAP21 est un mouvement écologiste présidé par Corinne Lepage, députée européenne, vice-présidente de la commission environnement.
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Le bureau régional

23 août 2011

Dette : le réalisme n'est qu'une partie de la solution

Si, pendant des années, la problématique de la dette semblait désintéresser la majeure partie de la classe politique, voila qu’aujourd’hui elle s’impose comme un axe structurant de ce début de campagne présidentielle. A la bonne heure ! Car au-delà de l’importance centrale de cette question (qui n’est pas à démontrer), elle permet surtout de révéler des paradoxes et des contradictions au sein même des mouvements politiques, et conduit les citoyens à reconnaître que la politique ne se résume pas simplement à une opposition binaire « gauche » contre « droite ». Peut-être assistons nous à l’émergence d’une nouvelle organisation des idées, moins fondée sur des postures médiatiques mais davantage préoccupée par les idées et, plus important encore, par la cohérence entre celles-ci ? En tout cas, l’exemple du débat qui traverse actuellement le mouvement écologiste semble confirmer ce constat.

Les récentes tribunes de Laurence VICHNIEVSKY ne sont pas passées inaperçues. Comment auraient-elles pu ? Alors qu’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) tente de faire croire à l’opinion que la candidature d’Eva JOLY rassemble toutes les familles écologistes, et notamment derrière un discours idéologique très marqué à gauche, la porte-parole du mouvement vient à son tour rompre cette apparence de consensus, non pas sur des postures médiatiques comme Nicolas HULOT avant elle, ou stratégiques comme Daniel COHN-BENDIT, mais sur des oppositions d’idées et de projet. Pour Laurence VICHNIEVSKY, le projet présidentiel d’EELV n’est pas réaliste, et le traitement de la problématique de la dette en est la cruelle illustration.

12 août 2011

Bon rapport du CESER Bretagne sur les marées vertes

Sur les marées vertes en Bretagne beaucoup a été dit et écrit.
Le rapport du CESER de Bretagne fait le tour de la question avec ses enjeux environnementaux, sanitaires, économiques et sociaux.
Ce rapport a le bon goût d'être complet, mais synthétique, clair sans être simpliste.

Plages couvertes par les ulves en 2009 (source CEVA, 2010)

Vasières couvertes par les ulves en 2009 (source CEVA, 2010)


Que peut-on essentiellement retenir de ce rapport :
- "Le rôle de l’azote est le seul élément nutritif contrôlant la prolifération des algues vertes en Bretagne... Puisque les conditions climatiques et les conditions du milieu naturel ne peuvent par définition être contrôlées, la réduction des flux d’azote sur les bassins versants est la seule piste aujourd’hui retenue pour lutter contre la prolifération des algues vertes".
- "75 000 tonnes d’azote sortent des bassins versants bretons chaque année, soit un flux spécifique moyen (une « fuite » d’azote) de 25 kg d’azote par ha et par an... Les références mondiales dont disposent les scientifiques sur le fonctionnement normal d’un bassin versant conduisent à penser qu’un flux spécifique sans conséquences environnementales néfastes devrait être de l’ordre de 5 kg d’azote par ha et par an, et en tout état de cause inférieur à 10 kg d’azote par ha et par an... Les modèles numériques scientifiques montrent que les marées vertes subsisteront s’il n’y a pas un abaissement très important de la concentration en nitrates, jusqu’à moins de 10 mg/L".
- Le plan de lutte contre les algues vertes contient un volet curatif et un volet préventif. "Le volet curatif est un objectif à court terme de santé publique et de préservation immédiate de la qualité biologique des milieux... Néanmoins, le volet curatif dépend complètement du volet préventif et ne peut être conduit indépendamment. Sans un abaissement très important de la teneur en nitrates dans les eaux de ruissellement, les marées vertes subsisteront et défieront les capacités de ramassage, de stockage et de valorisation mises en œuvre".
- "Le plan algues vertes concerne les seules 8 baies listées par le SDAGE Loire-Bretagne. Il faut rappeler que ce sont 109 sites recensés en Bretagne qui sont affectés par les marées vertes. Le plan est muet sur les mesures à mettre en œuvre pour les sites ne faisant pas partie des 8 baies " (le plan ne concerne donc pas les 42 vasières touchées par les marées vertes [voir carte] comme par exemple celles du Golfe du Morbihan ou de la rade de Brest).
- "Le plan préconise pour ces 8 baies une réduction des flux de nitrates de 30 à 40% au moins. Les scientifiques estiment qu’un objectif de diminution des apports azotés exprimé en pourcentage n’a pas de sens s’il n’est pas accompagné de la définition d’une concentration cible... Le Comité scientifique du plan de lutte contre les algues vertes préconise (avis du 18 juin 2010) qu’un seuil de l’ordre de 5 à 10 mg/L maximum soit atteint pendant la période végétative des algues vertes, c'est-à-dire de mars à septembre, pour qu’une réduction sensible des marées vertes soit observée".
- "Les bassins conchylicoles sont régulièrement touchés par les marées vertes à ulves et à entéromorphes, notamment les baies de Saint-Brieuc, Arguenon, la Fresnaye, la rade de Brest, la ria d’Etel et le golfe du Morbihan. Le placage des ulves sur les mollusques diminue le renouvellement de l’eau et l’apport de nourriture au cheptel, voire même étouffe les coquillages. Il augmente le poids des poches, la quantité de travail et donc le coût de l’élevage. Dans les sites les plus touchés, les conditions de travail peuvent être altérées par la présence de dépôts d’algues... L’impact sur la conchyliculture pourrait s’avérer fortement négatif dans l’avenir, notamment dans les zones de vasières".
- "La décomposition des algues accumulées en haut de plage, sans oxygène, sous la croûte superficielle, génère des liquides noirâtres et des gaz tels que le sulfure d’hydrogène, le méthane et l’ammoniac, potentiellement mortels pour les personnes et les animaux si la croûte de surface est brisée. Sur certains sites d’échouage... Sur certains dépôts pourrissants encroûtés, des mesures ponctuelles ont montré des teneurs en hydrogène sulfuré dépassant les 500 ppm, seuil au-delà duquel la mort est possible après atteinte du système nerveux central. Dans quelques zones très ponctuelles, l’INERIS a mesuré jusqu’à 1000 ppm de sulfure d’hydrogène".

Le rapport se termine par quelques recommandations (beaucoup d'autres figurent dans le rapport) :
‐ faire pression pour redonner au volet préventif la place qui est la sienne ;
‐ ne pas concentrer toutes les initiatives sur les 8 baies bretonnes jugées prioritaires dans le SDAGE Loire-Bretagne, 109 sites côtiers bretons étant affectés par les marées vertes et beaucoup d’autres l’étant potentiellement ;
‐ encourager et soutenir les projets de territoires permettant la concrétisation du volet préventif, y compris financièrement, en partageant les charges avec l’ensemble des acteurs concernés ;
‐ veiller à la cohérence entre territoires de projets, SAGE et bassins versants, la seule unité qui devrait s’imposer étant celle du bassin versant ;
‐ réduire drastiquement les flux d’azote de toutes origines, y compris urbaine et industrielle, sur les bassins versants, seule solution rationnelle pour lutter efficacement contre la prolifération des algues vertes ;
‐ reconstruire un réseau de barrières (talus, zones humides), adapté au parcellaire actuel, capable de ralentir les conséquences du ruissellement superficiel, en protégeant les zones humides non transformées et en restaurant, dans la mesure du possible, les zones humides asséchées ;
‐ démystifier certaines pratiques de traitement des effluents d’élevage, notamment la méthanisation dont l’intérêt énergétique est évident, mais qui peut entraîner une augmentation significative des quantités d’azote destinées à l’agriculture bretonne ;
‐ réfléchir à la possibilité de mettre en place une taxe sur les produits alimentaires agricoles pour financer les actions prévues ;
‐ aboutir finalement à une réglementation réaliste, précise, fiable et stabilisée, permettant d’éviter les dérives en matière d’utilisation excessive de fertilisants (la réglementation actuelle est très en deçà de ce qu’il faudrait pour limiter la prolifération des algues vertes).

En conclusion, pour résoudre le problème des algues vertes, il faut :
- passer du principe pollué-payeur au principe pollueur-payeur voire grand distributeur-payeur (vu les liens entre agriculture, agro-alimentaire et grande distribution). Actuellement, les agents économiques n’ont aucun intérêt à coopérer, puisque le coût des marées vertes est entièrement supporté par les acteurs publics (Etat et collectivités), et donc les contribuables.
-inventer une agriculture écologiquement productive sans pertes d’azote.

7 août 2011

Algues vertes, encore et toujours

Les algues vertes sont à la Bretagne (principalement, mais pas seulement) ce que la pollution de l'air est pour les Bouches du Rhône: un problème récurrent, dont on connaît parfaitement l'origine et les conséquences, mais contre lequel on ne peut ou ne veut agir sérieusement.


Le constat est affligeant: Tout a été dit, le problème est parfaitement cerné, mais rien (ou si peu) est fait pour inverser la tendance.

Pire, l'apparente politique de l'autruche cache en réalité les agissement de lobbys qui ont interet à ce que rien ne change...

La suite sur le blog thématique CAP21 Littoral

PS : Quand le corporatisme rend aveugle et fait dire n'importe quoi — Le président de la chambre d'agriculture des Côtes d'Armor a déclaré : "Il y a manipulation, nous tenons à la dénoncer. Ça ressemble à un empoisonnement, ils (les sangliers) cherchent à s'abreuver et ils finissent là (sur la plage)". Source Le Monde du 6 août 2011